Pourquoi la République n'est ni dirigée ni administrée (1ère Partie)
Jean André Victor, 12 mars 2021
Avant de mourir, le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Port-au-Prince, le fervent défenseur de la veuve et de l’’orphelin, le Professeur de Droit aux Universités, Me Monferrier Dorval avait dit que le pays n’était ni administré ni dirigé. Certains pensent qu’il a été assassiné pour l’avoir dit ; d’autres disent qu’il a été exécuté pour l’avoir pensé. Avait-il le droit de le dire après l’avoir pensé ? N’avait-il pas le droit de dire haut et fort ce que tout le monde dit tout bas ? Le verbe dire est-il subversif ? Il faut donc simuler un procès politique pour rendre justice à Me Dorval.
On attribue à Voltaire, le comte de Ferney, l’un des philosophes des Lumières, la phrase bien connue : Je ne suis pas d’accord avec ce que vous avez dit, mais je me battrai jusqu’à la mort
pour que vous ayez le droit de le dire. La liberté d’expression serait-elle menacée chez nous ?Ceux qui défendent le règne de la pensée unique continuent de pratiquer l’intolérance pour faire triompher le fanatisme en ce siècle des TIC (Technologies de l’information et de la Communication). Ces gens-là sont-ils des auteurs, co-auteurs et complices intellectuels de l’assassinat de Me Dorval ?
Jacques-Bénigne Bossuet, homme d’église, Evêque et Prédicateur, surnommé l’Aigle de Meaux, considéré comme l’un des plus grands orateurs de tous les temps, eût à déclarer ce qui
suit : où tout le monde peut faire ce qu’il veut, nul ne fait ce qu’il veut ; où il n’y a point de maître, tout le monde est maître ; où tout le monde est maître, tout le monde est esclave. Actuellement, chez nous, tout le monde est maître. Donc, le kidnapping et l’anarchie ont fait de nous tous des esclaves. Conviendrait-il alors d’organiser une guerre de libération ?
La géographie des groupes armés qui contrôlent une portion significative du territoire national c.a.d. l’Ouest, l’Artibonite et le Nord (plus de 60 % de la population totale) permet de comprendre l’état de la situation. Etant donné que le taux d’urbanisation du département de l’Ouest a dépassé les 80%, la PNH est incapable de contrôler la guérilla urbaine pour laquelle elle n’était point préparée. Dit autrement, l’économie urbaine est paralysée, la vallée de l’Artibonite est prise en otage tandis que les routes nationales sont contrôlées par les bandits de grand chemin. Qui prendra l’initiative d’organiser une force publique capable de reprendre le monopole de la violence là où il a été perdu ?
La solution qui consiste à fourbir ses armes personnelles pour se défendre en cas de guerre
civile est loin d’être la meilleure. C’est la négation du vouloir-vivre ensemble. Vivre en société présuppose l’existence d’un contrat social (écrit ou pas) qui lie les membres du groupe. Avons-nous rompu un tel contrat social? Le non-respect de la Constitution en vigueur est la preuve d’une telle rupture. Celle-ci engendre l’incapacité de produire la richesse tandis que le Roi Midas qui avait des oreilles d’âne a élu son domicile à la BRH pour produire des Zorèy Bourik.
A la dernière nouvelle, l’EDH (Electricité d’Haïti) déficitaire et budgétivore, a été criblée de balles en l’an de grâce 2021, pour avoir dit non aux bandes armées qui gouvernent le territoire où se trouve son siège social. Parce que le pays n’est ni administré ni dirigé, les citoyens ne sont ni protégés ni bien servis. Comme l’Haïti d’aujourd’hui tend à devenir la Colombie de Pablo Escobar, la PNH a reçu l’assistance technique des Colombiens pour mieux « Protéger et Servir ». Qui dit mieux ?
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