Dossier Stephora Joseph: des élèves avaient filmé la scène

La mort de Stephora Anne-Mircie Joseph, élève haïtienne de 11 ans, avait suscité une vive émotion et une profonde vague d’indignation. Présenté initialement par les autorités dominicaines comme une simple noyade accidentelle, le dossier connaît aujourd’hui un tournant majeur avec la mise en cause de quatre responsables de l’institution scolaire.

Crédit Photo: VBI
Dossier Stephora Joseph: des élèves avaient filmé la scène

Ce renversement de situation doit beaucoup aux révélations de deux journalistes dominicains, Esteban Rosario et Delvis Durán. Selon leurs enquêtes, la jeune fille aurait été victime d’un acte intentionnel commis par trois camarades de classe dominicains du même âge. Ceux-ci, affirment-ils, la prenaient régulièrement pour cible, la soumettant à des moqueries racistes et à des actes répétés d’intimidation. Stephora, brillante, polyglotte et souvent première de sa classe, aurait confié à sa mère, en larmes : « Manmi, mwen vle chanje koulè po mwen », expliquant qu’on la traitait constamment de « vye moun nwa sal » à l’école.

Toujours selon les éléments rapportés par Rosario et Durán, le drame se serait produit dans la piscine de l’établissement. Trois élèves auraient entraîné Stephora dans l’eau « pour jouer », avant que l’un d’eux, décrit comme particulièrement violent, ne lui maintienne la tête sous l’eau à plusieurs reprises. La troisième immersion lui aurait été fatale. Les journalistes rappellent également que Stephora ne savait pas nager, ce qui rend difficilement crédible la thèse d’un accident.

Les vidéos de la scène, récupérées par les autorités, semblent toutefois orienter l’enquête dans une autre direction. « Nous avons laissé la justice faire son travail. Le consulat de Santiago a accompagné les proches de la victime. Nous avons appris l’existence de vidéos de la scène filmées par certains enfants », confie une source diplomatique. De leur côté, les procureurs dominicains ont confirmé disposer de preuves visuelles démontrant « une négligence extrême de la part des personnes chargées de s’occuper de Stephora ». Aucune allusion n’a toutefois été faite aux informations avancées par les deux journalistes.

L’enquête se poursuit et les zones d’ombre demeurent nombreuses. La justice dominicaine a encore du pain sur la planche.

Annie FRANÇOIS


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