La guerre permanente entre la République d’Haïti (RH) et la République Dominicaine (RD) : 1. Qui veut la paix prépare la guerre

Les fondamentaux de la guerre permanente RH / RD tournent autour des problématiques d’une société internationale qui se modernise sans s’occidentaliser (selon Samuel Hutington) et dans un monde multipolaire où émergent de nouvelles puissances. Dans son ouvrage « L’Occident : du déclin au défi », paru en 1988, Edem Kodjo a mis en relief la permanence de la guerre à travers le monde. Selon Michel Geoffroy, le monde vit aujourd’hui la 4ème guerre mondiale, après celle de 1914 / 1918, de 1941 / 1945 et de 1945 / 1991, la troisième, baptisée de guerre froide. Le Général de Gaulle avait remarqué que la guerre faisait naître et mourir les Etats. Le Président Mitterrand, quant à lui, a noté que la France était en guerre permanente avec les EUA. Dit autrement, on peut être en guerre et en paix en même temps. Qui ne comprend la guerre ne peut comprendre la RH et la RD.

Dans les guerres politico-économiques ou dans les guerres totales, les armes, les champs de bataille, et les enjeux ne sont plus les mêmes qu’autrefois. Tout peut se transformer en armes de guerre : l’électronique, la presse, les aliments, les vaccins, etc. Les belligérants et les victimes ne sont pas nécessairement conscients des problèmes polémologiques. C’est l’une des raisons qui expliquent que les Haïtiens n’aient pas conscience qu’ils sont en guerre : d’abord avec eux-mêmes et ensuite avec les autres. Or, toute guerre est perdue d’avance par le belligérant qui sous-estime les réalités de la guerre.

La guerre permanente RH / RD a connu une première période allant de 1804 à 1859 (période de la dernière invasion de RD par RH), soit la troisième des invasions initiées au nom du principe de l’indivisibilité de l’île. Une deuxième période s’étend de 1859 à 1929 (date de l’accord de frontière) et est dominée par les disputes transfrontalières, la RD ayant pris son indépendance de la RH en 1844. La troisième période va de 1929, à nos jours et est marquée par une guerre politico-économique, invisible et civilisationnelle. Haïtiens et Dominicains, pour la plupart, continuent de croire que c’est l’affrontement militaire direct qui fait la guerre alors qu’ils sont en guerre tandis qu’ils vivent en paix.

Si la RH et la RD sont en guerre et surtout en guerre permanente, la politique de l’autruche ne peut que faire souffrir les deux frères ennemis. La maîtrise des réalités polémologiques de la RH et de la RD révèle qu’une cyber-armée de 50 hommes vaut mieux qu’une armée traditionnelle de 10 000 hommes. Il est donc plus sage de travailler au bonheur des deux nations sœurs au lieu de se laisser prendre au piège des politiciens (haïtiens et dominicains) qui manipulent leur peuple à des fins électoralistes. La RH peut et doit avoir une force de dissuasion électronique pour contrebalancer la puissance de feu de la RD.

Jean André VICTOR, le 1 /6/ 21

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