Fin de la clinique juridique du Barreau de Port-au-Prince, le public laissé sur sa soif

Grâce au financement du PNUD, après huit mois de service à la population, la clinique juridique du Barreau de Port-au-Prince a pris fin. Entre autres, plus de 90 cliniques juridiques ont été réalisées dans différentes zones dépendant de la juridiction du TPI de Port-au-Prince. Les bénéficiaires n’ont pas caché leur appréciation du projet et ont formulé le vœu de le voir se perpétuer.

Fin de la clinique juridique du Barreau de Port-au-Prince, le public laissé sur sa soif

La clinique juridique, ce projet exécuté par le Barreau est arrivé à son terme. Lancé le 20 août 2021 et initialement prévue pour une durée de six mois, la Clinique juridique, a obtenu une extension de deux mois pour continuer à servir la population dépendant du TPI de la juridiction de Port-au-Prince.

 Durant les 8 derniers mois, grâce aux interventions des agents dudit programme, la population de la région métropolitaine de Port-au-Prince et sa périphérie a pu acquérir de nouveaux savoirs juridiques. Les zones bidonvillisées comme celles urbanisées ont été touchées dans le cadre de l’exécution dudit projet. Les infatigables avocats de ce projet se sont rendus sur place pour réaliser les différentes cliniques juridiques.

La Rédaction du journal Le Courrier de la Nation a eu droit à une interview exclusive du Coordonnateur du projet, Me Chinel PHILEMOND. À cœur joie, il est revenu sur le bien-fondé et surtout l’ambiance de l’exécution dudit projet. 

 

Le Courrier de la Nation: Quel est le bien-fondé des activités de la clinique juridique?

Me Chinel PHILEMOND: Les activités de la clinique ont un grand potentiel de réduire le flux entrant des dossiers du système judiciaire qui d'habitude vont grossir le taux de la détention préventive prolongée dans le sens qu'elles permettent aux bénéficiaires de connaître mieux leurs droits et devoirs et d'éviter de manière inutile certains litiges et poursuites. Par exemple, le droit de passage qui est un sujet connu de conflit terrien est abordé dans plusieurs séances et on voit déjà l’espoir pour la résolution pacifique de certains conflits via la médiation qui sans la clinique auraient terminé dans un tribunal et parfois même à des luttes. 

Le CN: Du lancement du projet à date, quel a été votre public cible et quel était l’objectif à atteindre?

Me Chinel PHILEMOND: L’exécution dudit projet a pour objectif d'offrir des consultations civiles aux communautés vulnérables qui souvent peinent à trouver un avocat pouvant leur offrir des consultations, des informations et conseils juridiques appropriés à leur cas. Ce projet leur facilite la gratuité des services de ces professionnels. Le Barreau de Port-au-Prince a toujours été aux côtés de la communauté et le support financier du PNUD a contribué grandement à la réussite dudit projet.

Nous avons offert nos services juridiques pendant 8 mois et nos cliniciens et cliniciennes ont bravé les dangers pour apporter ces cliniques pour les organisations, les églises, les écoles et des individus en quête de réponse juridique appropriées à leur cas. Durant les 6 premiers mois, nous avons réalisé 56 cliniques, 1670 (708 hommes et 962 femmes) ont bénéficié de nos formations. Au total, 2655 personnes (1350 hommes et 1035 femmes) ont bénéficié nos interventions. Les cliniciens ont aussi bénéficié de trois séances de formation.

Le CN: Quelle a été la stratégie utilisée pour atteindre cet objectif?

Me Chinel PHILEMOND : Nous avons tout misé sur le professionnalisme des ressources humaines. Le Coordonnateur est assisté de 4 encadreurs, 2 avocates et deux avocats. Mes. Désir Alexandre, Marie Gislene Bruffie, Frantz Jean Louis et Vinet Jean-Pierre ont rempli leur mission avec brio. Sous leur supervision et grâce à leurs directives, les cliniciens et cliniciennes ont planifié et réalisé les cliniques et tout en donnant des consultations. 

Le CN: Le 27 mai dernier, vous avez réalisé une séance de formation pour vos cliniciens. Etait-ce pour clôturer le Projet?

Me Chinel PHILEMOND: Le Barreau de Port-au-Prince, depuis 2015 donc sous le leadership du Bâtonnier Carlos Hercule, institua la formation continue obligatoire pour tous les avocats ayant moins de 20 ans de pratique professionnelle. Et dans l'exécution des projets, la formation des avocats reste et demeure toujours une priorité. 

Pour cette formation, nous avons eu deux intervenants : le conseiller de l’Ordre Me Cheron Jean Barnave qui intervenait sur le guide relatif à la formation sur la clinique juridique, spécialement sur l'éducation à la citoyenneté, les droits des enfants, la médiation communautaire et Me Philippe J. Volmar qui intervenait sur les obligations en matière de conflit de travail. 

Le CN: Quel est le bilan des activités du projet?

Me Chinel PHILEMOND: Pendant toute la durée de la clinique, le Barreau de Port-au-Prince a pu réaliser 96 cliniques juridiques. 4655 personnes (les genres confondus) ont bénéficié de nos séances de formation. 3170 consultations (les genres confondus) ont été fournies. Nous avons aussi réalisé un guide de formation contenant les différentes thématiques développées par les cliniciens. Comme point négatif, le Barreau n'a pas pu atteindre la barre des 3750 fiches de consultation fixées comme objectif en raison des troubles politiques et des pénuries de carburant dans le pays. Tous les autres objectifs fixés dans le projet ont été atteints. 

Le CN : Quelles sont les leçons apprises lors de l’exécution dudit projet?

Me Chinel PHILEMOND: L’importance d'un tel projet. À l’école Daguesso Lespinasse au Champs de Mars, par exemple, on avait visé les élèves. Mais, le directeur Maurice a demandé à l’encadreur Vinet Jean-Pierre et ses cliniciens de réaliser une séance de formation pour les professeurs. 

À l’instar du responsable de l’école, plusieurs personnes et institutions des différentes communautés dans lesquelles les activités de la clinique ont eu lieu ont invité le Barreau pour d'autres interventions similaires. Malheureusement, vu que le Barreau de Port-au-Prince a eu un financement du Bailleur, PNUD, pour une période précise et qui est déjà terminée, il ne peut faire le volet service à la communauté qui nécessite la mobilisation de beaucoup de ressources.

Le Barreau de Port-au-Prince a pu faire bouger les lignes grâce à ce projet. Le Bâtonnier Me Marie Suzy Legros et les membres de son Conseil ont fait montre de leur foi dans l’importance qu’a la formation pour et dans nos communautés. Bien informés, les citoyens pourront mieux agir comme des acteurs de paix. La méconnaissance de certaines connaissances peut créer des conflits interminables.

Marckendy DORSAINVIL


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