Une vingtaine de massacres ont eu lieu dans le département de l’Artibonite de 2018 à 2024

Quatre jours après le massacre tragique des habitants de Pont Sondé par le gang Gran Grif de Savien, Guerby Siméus, le coordonnateur du Conseil d'administration de la section communale (CASEC), a décidé de briser le silence. Dans une interview exclusive accordée au Nouvelliste, il a mis l’accent sur la fréquence des épisodes de violence dans la région et dénoncé l'inaction des responsables politiques tout en appelant à la solidarité pour les victimes.

Crédit Photo: Gazette Haïti
Une vingtaine de massacres ont eu lieu dans le département de l’Artibonite de 2018 à 2024

Le 3 octobre 2024 fut un jour terrible pour la communauté de Pont Sondé, où des milliers de familles ont été touchées par l'invasion des gangs qui terrorisent la région de l'Artibonite depuis six ans. Guerby Siméus a exprimé son indignation face à l'indifférence du gouvernement haïtien, affirmant que si l'État était réellement préoccupé par le sort des paysans, de tels massacres auraient pu être évités. Il rappelle que depuis 2018, le département de l'Artibonite a déjà subi une vingtaine de massacres, soulignant une crise sécuritaire alarmante.

 

Critiquant le Premier ministre Garry Conille, Siméus a qualifié sa visite à Saint-Marc de « cosmétique ». Selon lui, cette visite n'a pas apporté d'aide réelle aux victimes de Pont Sondé, car Garry Conille a préféré rester à distance, ignorant les véritables besoins de la population. « [...] il s'est contenté de rester au centre-ville de Saint-Marc, où se trouvent les alliés des gangs armés », déplore le coordonnateur  du CASEC.

 

Le responsable de la cinquième section de Saint-Marc a également mis en lumière l'indifférence des autorités municipales. Il a noté que les forces de police de Verrettes avaient agi plus rapidement que celles de Saint-Marc, malgré leur proximité géographique. Siméus s'interroge sur la volonté des dirigeants locaux de s'engager véritablement avec la commune, constatant qu'aucun responsable ne s'est présenté sur les lieux pour écouter les plaintes et le désespoir des habitants.

 

Avec colère, Guerby Siméus a dénoncé ceux qu'il appelle des « faux politiciens » qui selon lui exploitent la souffrance des victimes à des fins personnelles. Il a mis en garde contre les individus qui envisagent de détourner les aides destinées aux rescapés. Le climat de méfiance est palpable, et le président du CASEC ne ménage pas ses mots envers « les racketeurs » qui profitent de la tragédie, dénonçant également les abus au sein des ONG.

 

Suite au massacre, Pont Sondé est devenu une ville fantôme. Les habitants font face à une dévastation sans précédent et la résistance de certaines familles face à cette épreuve souligne la résilience du peuple. Cependant, la détresse est omniprésente et Guerby Siméus appelle à un « accompagnement pluridimensionnel du pouvoir central, défini et accompli avec les Sondélais par les Sondélais et pour les Sondélais. »

 

À ce jour, Pont Sondé et les habitants d’autres régions du pays attendent toujours une réponse tangible de la part des autorités. L'intervention de Guerby Siméus jette une lumière crue sur la tyrannie des gangs et l'inaction de l'État. Face à une situation qui ne cesse d'empirer, les responsables tardent à montrer qu’ils entendent l'appel désespéré des communautés et agissent de manière significative pour restaurer la paix et la sécurité.

 

Source : Le Nouvelliste

 

Abigaelle PIERRE


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