LA VIOLENCE CONJUGALE ET LA SANTÉ MENTALE DES FEMMES, QUELS IMPACTS?
La violence conjugale touche toutes les dimensions de la santé et du bien-être : Santé physique, santé sexuelle et reproductive, santé sociale ou encore santé mentale. Des perturbations de sommeil, des modifications de l’appétit, l’apathie, la psychasthénie, l’humeur dépressive, le dysfonctionnement exécutif, les troubles psychomoteurs (aspects physiques et mentaux) et la dévalorisation, les victimes vivent des difficultés liées à la santé mentale qui changent leur mode de vie.

Le noyau du problème
Battues (Violence physique), menacées de l’être ou objet de scènes de violence qui laissent présumer qu’elle le sera (violence verbale), ou encore humiliées par des critiques, des railleries et des insultes, lesquelles à long terme, peuvent détruire la personnalité et l’assurance (violence psychologique), les femmes sont, dans la majorité de cas les victimes de la violence conjugale. Il ressort de quarante-huit enquêtes réalisées dans le monde qu’un pourcentage de 10% à 69% de femmes déclare avoir été agressé par leur partenaire intime de sexes masculins à un moment donné de leur existence.
L’origine réelle du problème de la violence conjugale est souvent confondue avec des facteurs qui lui sont associés. Ils sont souvent d’ordres culturels et sociaux, individuels et relationnels. Les facteurs culturels apparaissent avec les inégalités structurelles entre hommes et femmes, les normes culturelles liées aux rôles des hommes et des femmes, à l’honneur masculin, à l’agressivité, aux stéréotypes et aux normes religieuses. Les facteurs sociaux, quant à eux, se présentent dans le non existence des réseaux sociaux et le problème d’éducation.
Sur le plan individuel, le phénomène vient en fonction des expériences de violences vécues dans l’enfance par l’auteur/e de la violence, des comportements antisociaux, de la consommation d’alcool/ de drogue et du stress/les stratégies de gestion de ce stress. Enfin, sur le plan relationnel, cela vient du fait que la séparation de pouvoir soit inégale au sein du couple. Les dominations veulent prendre le dessus et il en existe des conflits et les stratégies de résolution ne font qu’aggraver la situation.
Des phases qui en contribuent
Les phases de la violence conjugale impliquent le conjoint et la conjointe. La première phase est un climat de tension. Au cours de cette phase, le conjoint installe un climat de tension à la maison par ses paroles et ses attitudes. Il considère la femme comme incompétente. Et la femme commence à douter d’elle-même. La deuxième phase, c’est celle de crise où le conjoint commence à agresser la conjointe. Des agressions verbales, physiques, psychologiques sont présentent. Alors que la femme commence à s’attrister, à se sentir humiliée, désespérée, outragée et démolie.
De plus, la troisième phase, c’est la phase de la justification. Au cours de cette phase, le conjoint commence à invalider son comportement. Il se déresponsabilise pour accuser sa conjointe. Il utilise des phrases comme : « j’étais stressé, si tu m’avais écouté ! ». La conjointe, quant à elle, se sent responsable des mauvais comportements de son conjoint. Elle utilise des phrases comme : « Il a peut-être raison, c’est moi qui ne comprend rien, j’exagère parfois ». Et la quatrième phase c’est celle de la lune de miel. Le conjoint se remet à ses comportements. Il exprime des regrets et promet de ne pas recommencer. Il redevient affectueux et attentionné. Et cette escalade amplifie les actes de violence.
Une pratique qui tue peu à peu la santé mentale
Une étude menée sur 20 femmes à Carrefour a prouvé que les femmes ont des problèmes de santé mentale qui sont liés à leur dysfonctionnement exécutif. Elles sont irritées, nerveuses et soucieuses. Elles ont des difficultés de concentration. Ces catégories de femmes ont des difficultés psychomotrices (Aspect physique et mentaux). Ainsi, elles souffrent des aigreurs d’estomac, des maux de tête, des sensations d’étouffement, de la chaleur, des palpitations, des sueurs froides et des tremblements. Elles sont souvent de mauvaise humeur.
Les femmes victimes de violence conjugale connaissent des perturbations de sommeil et des modifications de l’appétit. De plus, elles ont aussi peur de prendre des décisions qui peuvent nuire à leur conjoint et/ou leur enfant. Ainsi, cela permet de comprendre que les femmes victimes de la violence conjugale ne sont pas indépendantes. Elles ne peuvent pas agir selon leur gré, mais elles attendent l’approbation de leur entourage.
Les résultats de cette étude démontrent que ces catégories de femmes ont un comportement de retrait social. Elles ont perdu leur confiance en soi par rapport à tous les propos humiliants, dégradants et méprisants de leur partenaire de couple. Elles ont un manque d’estime de soi, elles ne croient plus en leur potentialité. Et pour ne pas exposer leur ridiculité, elles sont obligées de se mettre en retrait dans la société. Elles se sentent isoler même en compagnie des amies, ce qui pourrait augmenter le risque de leur sentiment de solitude. De plus, ces femmes restent plutôt à l’intérieur de leur maison pour éviter les regards méprisants des autres. Car les membres de leur entourage les critiquent de leur comportement de résignation.
Mis à part des soins médicaux et des assistances juridiques, les femmes victimes de la violence conjugale devraient bénéficier de quelques séances thérapeutiques. Ces dernières qui pourraient les aider à se réintégrer dans leur vie sociale et à surmonter cette période de déséquilibre familial.
Source :
GUSTAVE F. Psychologie des violences sociales. DUNOD, Paris, 2003, P272.
OLIBRICE, W. C. (2018). Les conséquences de la violence conjugale sur la santé mentale des femmes. Cas de 20 femmes à Carrefour. Mémoire de licence en psychologie. Faculté d’Ethnologie. Université d’Etat d’Haïti. Non publié.
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Widelie Carlvanie OLIBRICE
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