Dossier BNC : le juge Benjamin Félismé n’a rien sollicité du Ministère de la justice

Dans le cadre de l'instruction des affaires judiciaires, les magistrats instructeurs sont souvent confrontés à des dossiers dits fragiles, où les enjeux et les conséquences peuvent être considérables. Lorsqu'ils prennent en charge de tels dossiers, il est courant qu'ils formulent des demandes spécifiques aux autorités judiciaires. Cela peut inclure des mesures comme le changement de voiture de service ou le renforcement des dispositifs de sécurité.

Mi-octobre, le juge instructeur Benjamin Félismé a été chargé d'une affaire particulièrement délicate. Au cœur de cette instruction se trouvent sur le banc des accusés l’ex-Président de la Banque nationale de crédit (BNC) et trois membres du Conseil Présidentiel de Corruption (CPT).  Raoul Pascal Pierre-Louis avait déjà décliné des invitations de l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) pour se présenter à une séance de confrontation avec les trois conseillers-présidents, à savoir Emmanuel Vertilaire, Smith Augustin et Louis Gérald Gilles dont il avait réclamé la démission.

Ce jeudi 14 novembre, M. Pierre-Louis sera attendu au cabinet d’instruction pour être entendu sur des faits de corruption mentionnés dans le rapport d’enquête soumis par l’ULCC dans lequel il est clairement établi que des actes de corruption ont été commis par plusieurs parties impliquées. Outre ce dernier, l’ULCC avait recommandé d'intenter une action publique à l'encontre des conseillers-présidents pour abus de fonction et corruption passive, en se fondant sur les articles pertinents de la législation haïtienne sur la prévention et la répression de la corruption.

L’imputabilité de Raoul Pascal Pierre-Louis ne se limite pas à une simple implication dans les actes répréhensibles, mais elle s'étend également à des accusations d’entrave au fonctionnement de la justice et de corruption active. Sur cette base, l’ULCC a formulé une demande d'extradition de Pierre-Louis auprès des autorités judiciaires compétentes.

Un aspect notable de cette affaire est l'attitude du magistrat instructeur. Alors que les accusés ont reçu des convocations pour s'expliquer sur les faits qui leur sont reprochés, aucune demande n’a été formulée à ce jour auprès du Ministère de la Justice et de la Sécurité publique. Aucune demande de véhicule blindé ni de policiers n’ont été formulés. Alors Raoul Pascal Pierre Louis avait indiqué qu’il était la cible de menaces suite à sa décision de porter plainte, le magistrat instructeur semble ne pas avoir à s’inquiéter sur ce point. Faut croire qu’Emmanuel Vertilaire a su calmer ses ardeurs et que cette histoire ne le fait plus « endiabler ».  

Quoi qu'il en soit, cette situation met en lumière la complexité des dossiers judiciaires en matière de corruption et la délicate navigation entre les différents acteurs judiciaires. La suite de cette instruction sera scrutée de près, tant par les citoyens que par les institutions engagées dans la lutte contre la corruption, car elle pourrait avoir des répercussions significatives sur la confiance du public dans le système judiciaire haïtien. En attendant, le juge Félismé devra continuer à jongler entre ses devoirs d'instruction et les enjeux de sécurité et d'intégrité judiciaire qui entourent cette affaire.

Stevens JEAN FRANÇOIS

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