Solino has fallen

Après plus d’un an de résistance, Solino symbole du combat acharné de citoyens délaissés par l’État en quête de protection pour leur quartier, est tombé. Les tumultes de cette lutte, teintés de désespoir et de solidarité, pourraient aisément séduire les amateurs de cinéma, tant ils ressemblent à un drame scénaristique captivant. Cependant, il ne s'agit pas d'une fiction ; c'est la réalité poignante de ceux qui se battent au quotidien pour défendre leur espace de vie et leur dignité.

Solino has fallen

Le jeudi 14 novembre, Port-au-Prince a été le théâtre d'une tragédie humaine, marquée par la fuite désespérée de centaines de familles quittant les quartiers de Solino, Delmas 30, Nazon et Christ-Roi. Ces habitants, fuyant la terreur infligée par les groupes criminels de la coalition « Viv ansanm », ont pris d'assaut les routes, emportant avec eux le peu qui pouvait leur rester. Les images de pères et mères de famille, de jeunes, d’enfants et de personnes âgées en quête de refuge sont emblématiques d’une situation qui ne cesse d’empirer.

 

Les récits de ceux qui ont vécu ce cauchemar révèlent un profond désespoir. Dans Solino, un quartier qui avait résisté pendant plus d'un an face à la criminalité, l'assassinat de Jeff Petit-Dieu, un agent de l'unité d'élite SWAT, a été le catalyseur de l'effondrement final de l'espoir. Selon un riverain, le moral des policiers qui luttaient aux côtés de Jeff est désormais à son plus bas, laissant la porte ouverte à une emprise croissante des gangs sur la région.

 

Les quartiers de Nazon, Delmas 30 et Christ-Roi subissent à présent la menace directe de ces groupes armés, ce qui pousse des milliers de résidents à fuir. Ils se sont réfugiés dans des lieux tels que l'Office de la protection du citoyen (OPC) à Bourdon, transformé en un centre pour les déplacés, une situation qui devient de plus en plus courante alors que d'autres institutions et écoles prennent également ce rôle.

 

Le contexte politique exacerbant cette crise ne peut être ignoré. La récente révocation du Premier ministre Garry Conille laisse un vide de pouvoir, comblé par l’homme d’affaires Alix Didier Fils Aimé, investi le 11 novembre. Dans cette période de transition, il lui appartient de restaurer la sécurité et de préparer des élections, mais les promesses politiques pèsent peu face à la montée des violences.

 

Paul MARTIAL


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