CPT : un nouvel outil au service des oppresseurs du peuple ?

L’actualité en Haïti est marquée par le retour du conseiller présidentiel Leslie Voltaire, après près de deux mois d’absence. Cependant, ce retour n’est pas sans controverse. Membre du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Monsieur Voltaire a rapidement pris des initiatives qui suscitent l’indignation et l’inquiétude des citoyens. L’un des faits marquants de son retour est son intervention pour faciliter à la Digicel l’accès à un site hébergeant des fibres optiques, un acte qui soulève des questions sur le rôle du CPT dans un contexte où la population subit les désagréments de services coûteux et de mauvaise qualité.

CPT : un nouvel outil au service des oppresseurs du peuple ?

Le cœur du conflit actuel se situe entre la compagnie de téléphonie mobile Digicel et les responsables de Kaliko Beach, concernant un contrat d’exploitation pour un site crucial pour les opérations de la Digicel. Ce conflit a entraîné d’importantes interruptions de services Internet, affectant un grand nombre d’utilisateurs. Jean Philippe Brun, directeur général de Digicel, a récemment exposé le problème dans une interview, exprimant son inquiétude quant à l’accès restreint que les propriétaires de Kaliko Beach accordent à ses techniciens pour effectuer des réparations nécessaires. Cette déclaration met bien en avant l’urgence de la situation et la dépendance du pays vis-à-vis d’un service de télécommunication en proie à des conflits contractuels.

 

Dans un effort pour apaiser la crise, une réunion d’urgence a été convoquée sous l’égide de Leslie Voltaire, regroupant des acteurs clés du secteur des télécommunications. Le CPT a souligné la nécessité d’un accès stable à Internet pour la population haïtienne, faisant pression sur toutes les parties impliquées pour résoudre le problème rapidement. En réaction à la situation, les autorités ont également pris des mesures pour envoyer des policiers et un juge de paix sur le site afin de faciliter l’intervention des techniciens de Digicel.

 

Cependant, la stratégie du gouvernement suscite des interrogations. La possibilité d’une déclaration de la zone où se trouvent les fibres optiques comme d’utilité publique a été évoquée. Une telle mesure pourrait rendre l’accès à ces infrastructures vitales plus facile, mais elle soulève la question de la légitimité d’une telle intervention. Ce type de décision pourrait être perçu comme une volonté de contrecarrer les droits contractuels des propriétaires, telle que l’indique Emmanuel Paret, responsable de Kaliko Beach, qui déclare que Digicel lui doit la somme considérable de 2,5 millions de dollars depuis 2019. Ce non-paiement était déjà la pomme de discorde et a mis en lumière une tension latente dans les relations d’affaires entre les opérateurs de télécommunications et les propriétaires fonciers.

 

En parallèle, les commentaires des internautes ne se font pas attendre. Des utilisateurs soulignent une augmentation des frais perçus par la Digicel lors de transactions de recharge électronique, générant frustration et mécontentement. Une capture d’écran mise en avant sur les réseaux sociaux illustre qu’une recharge de 100 gourdes ne donne plus le même montant qu’auparavant. Ce phénomène inquiétant jette une ombre sur l’intégrité des services offerts par les compagnies de téléphonie mobile, qui semblent peu soucieuses des réalités économiques des consommateurs.

 

Il est clair que cette situation met en lumière une dynamique de pouvoir déséquilibrée, où le CPT pourrait être perçu comme soutenant les intérêts d’une entreprise au détriment des droits des citoyens. Les membres de la population, largement désillusionnés, continuent à faire face à une réalité où la télécommunication est devenue un luxe inaccessible, aggravée par la mauvaise qualité des services et des augmentations de tarifs injustifiées. Ce nouvel épisode soulève des préoccupations sur l’avenir des relations entre l'État, les entreprises et la population. Au final, le CPT jouera-t-il un rôle protecteur pour le peuple ou se transformera-t-il en instrument au service des oppresseurs ? Les réponses à ces questions déterminent l’avenir de la gouvernance en Haïti.

 

Stevens JEAN FRANÇOIS


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