Fritz Alphonse Jean dans le viseur américain : un acte isolé ou un message stratégique ?

La décision du Département d’État américain d’imposer des restrictions de visa à Fritz Alphonse Jean a provoqué une onde de choc dans l’opinion publique. Cette mesure, visant un membre du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), relance le débat sur les véritables intentions de Washington. Entre lecture diplomatique et soupçon d’ingérence, cette décision serait-elle plutôt une manière pour les États-Unis de signifier, sans détour, à la classe politique : « Pa anmède Didier » ?

Fritz Alphonse Jean dans le viseur américain : un acte isolé ou un message stratégique ?

« Aujourd’hui, le Département d'État prend des mesures pour imposer des restrictions de visa à un fonctionnaire du gouvernement haïtien pour avoir soutenu des gangs et d’autres organisations criminelles, et pour avoir entravé la lutte du gouvernement haïtien contre les gangs terroristes désignés comme Organisations terroristes étrangères. Cette mesure est prise en vertu de l’INA 212(a)(3)(C), qui interdit en général l’entrée de personnes dont l’entrée ou les activités envisagées sont susceptibles d’avoir des conséquences diplomatiques particulièrement graves pour les États-Unis. Le département révoquera tous les visas actuellement valides détenus par cette personne » lit-on dans la Déclaration de Tommy Pigott, Principal porte-parole adjoint.  

« Les États-Unis restent déterminés à soutenir la stabilité en Haïti et attendent des progrès concrets vers des élections libres et équitables. Le peuple haïtien en a assez de la violence des gangs, de la destruction et des querelles politiques intestines. L’administration Trump encouragera la reddition de comptes pour ceux qui continuent à déstabiliser Haïti et notre région » conclut la déclaration officielle datée du 24 novembre 2025 qui a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux.

Selon les révélations de l’agence Associated Press, Fritz Alphonse Jean, ancien Coordonnateur du Conseil Présidentiel de Transition est le haut fonctionnaire à qui le gouvernement américain a imposé les restrictions de visa annoncées. Les États-Unis accusent donc l’ancien Gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH) de soutenir les gangs et entraver la lutte du gouvernement haïtien contre les gangs. Une information qui contraste évidemment avec la ferme volonté affichée par Fritz Alphonse Jean lors de son mandat à présidence du CPT.

En effet, dans le budget rectificatif 2025, Monsieur Jean avait annoncé un « budget de guerre » pour lutter contre l’insécurité. Certes son bilan reste, pour le moins, mitigé mais qui eut cru que cette décision était du flan ? Et si la décision du gouvernement américain à son encontre était plutôt un signal politique lourd de sous-entendus ?

C’est un secret de polichinelle ! La classe politique haïtienne et le gouvernement américain ne sont pas en odeur de sainteté. Leur responsabilité dans la situation d’Haïti est partagée. Dans ce cas peut-on croire que les sanctions à géométrie politique ne servent que les intérêts des Etats-Unis ? Une thèse qui semble assez plausible au regard du caractère sélectif des sanctions qui tombent au compte-goutte et surtout de la récente publication du sous-secrétaire d’état américain Christopher Landeau sur son compte X.

« Quiconque menace la stabilité politique d’Haïti doit s’attendre à de graves sanctions de la part des États-Unis et d’autres pays y compris le retrait de visas » a-t-il posté. Une menace non voilée qui nous rappelle une réplique de Paul Gérot Jean Baptiste alias Pa Anmède l. « Toute personne qui tente d’empêcher à Ariel Henry de mener à bien sa mission s’expose à des sanctions internationales. Pa anmède l » avait-il lâché lors d’une de ses nombreuses interventions dans la presse.  Une déclaration qui suscite beaucoup de questionnements sur la récente mise en garde de Landeau particulièrement dans un contexte où trois membres du CPT tentaient de mobiliser deux de leurs pairs pour arriver à remplacer le Premier Ministre Alix Didier Fils-Aimé.

Selon les informations disponibles, les conseillers présidentiels Louis Gérald Gilles, Edgard Leblanc et Fritz Alphonse Jean ont déjà signé la proposition de résolution visant à remplacer le Premier Ministre Alix Didier Fils-Aimé et cherchent à avoir une majorité pour la faire adopter. Une démarche qui ne date pas d’hier puisque depuis son accession au poste de coordonnateur du CPT, Fritz Alphonse Jean avait Alix Didier Fils-Aimé en ligne de mire. Incapable de faire pencher la majorité jusqu’à la fin de son mandat, Fritz Alphonse Jean n’a vraisemblablement pas abandonné son projet de changer le Alix Didier Fils-Aimé à la tête de la Primature.  Cette fixation serait-elle à l’origine des restrictions de visa à son encontre ?

Stevens JEAN FRANÇOIS


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