Qui pourra nous secourir ?

Rien ne va plus en Haïti ! Que ce soit à cause de leur laxisme ou par incapacité, les autorités en place peinent à convaincre même les plus crédules de leur habilité à relever les défis de l’heure. La population délaissée doit tenter de survivre dans un contexte marqué par la dégradation du climat sécuritaire, entre autres. Alors qu’une mission d’évaluation des kenyans est dans nos murs en attendant l’aval du Conseil des Nations Unies, plus d’un se demandent si l’arrivée de ces troupes internationales qui doivent venir en renfort à la Police Nationale d’Haïti sera pour demain. Nos «cousins » se sont portés volontaires pour prendre le leadership de la force internationale présentée comme indispensable au succès de la lutte contre les gangs armés. Jetteront-ils l’éponge comme l’avaient fait avant eux les canadiens ? Qui viendra enfin porter secours au peuple haïtien ?

Crédit Photo: Capital Info
Qui pourra nous secourir ?

Y a-t-il quelqu’un qui pourra nous secourir? Cette question turlupine des milliers d’haïtiens. Non, ce ne sont pas uniquement ceux que la faim tenaille, qui croupissent dans la misère, qui subissent les effets du chômage, de l’inflation galopante ou qui sont chassés de leur propre pays, de leurs quartiers et de leurs maisons qui ne peuvent s’empêcher de la ressasser. Cette énigme hante aussi les esprits de ceux qui ont pris connaissance de l’horreur qu’ont vécue, que continuent à vivre des habitants de la région métropolitaine de Port-au-Prince, de Liancourt, de Petite Rivière de l’Artibonite etc. Elle obsède ceux qui se demandent quel héritage ils vont léguer à la prochaine génération.

Fatigués de lever les yeux vers le Palais National qui n’a plus de fantoche comme locataire depuis plus de deux ans. N’osant rien espérer de la Primature que plus d’un ont déserté à cause de l’insécurité. Devant la lenteur observée dans la mobilisation de troupes internationales pour venir porter secours au peuple haïtien, bon nombre de nos compatriotes ont espérer trouver un palliatif à nos maux dans le métaphysique! Ils se sont tournés vers le « Seigneur qui a fait le ciel et la terre » (Psaume 121 : 2. Ils croient que comme pour le psalmiste leur secours viendra de lui. En atteste ce message publié sur un groupe WhatsApp le 18 août dernier à 9 heures 10. « Rue Tiremasse, Solino, Nazon, Lilavois semble-t-il vont dormir sous les tirs nourris des gangs armés ; ô Dieu, nous avons que toi » pouvait-on lire.

Pourtant, un mois auparavant, à en croire Bishop Grégory Toussaint, au lieu d’intervenir directement, Dieu avait fait un choix assez surprenant ! Il avait plutôt décidé de passer ses directives au numéro un de l’église Tabernacle de Gloire de North Miami. Face au succès de la pétition «Souf Pou Ayiti» qui avait atteint 100 000 signatures en l’espace de quelques jours alors que les organisateurs tablaient sur 40 jours pour y arriver, Dieu aurait ordonné au Bishop de prendre l’initiative d’organiser une grande marche pour mobiliser les Haïtiens du monde entier sur la situation d’Haïti. Et, plusieurs personnes ont confirmé cette directive de Dieu au PDG de Shekinah FM, selon les dires de ce dernier.

Ainsi le 9 juillet dernier, des milliers de personnes dans plusieurs villes du pays et dans la diaspora ont foulé le macadam. Cette grande mobilisation avait divers objectifs. L’instigateur visait à : inciter les citoyens ordinaires, les Amos, à prendre leur responsabilité dans la vie de la nation haïtienne ; communiquer un message à la communauté́ internationale ; demander à̀ identifier ceux qui financent les gangs en Haïti et à les pénaliser à travers le projet de loi S.396 du Senat et le projet de loi HR 1684 de la Chambre des représentants et appellera enfin au maintien du programme Humanitarian Parole. Justice for Haïti ; Un nouveau jour s’est levé ; Haïti, la muraille s’est effondrée; Le temps du désert est révolu ; Amos, nous sommes responsables ; Le changement de pays, c’est nous ; Haïti, Dieu ne t’a pas oublié et tant d’autres phrases ont été retenus pour cette grande mobilisation.

Ainsi, assuré que ce sont les gens ordinaires qui sont le moteur du changement, Bishop Toussaint a décidé, sous la directive de Dieu, d’agir. S’inspirant de Rosa Parks et l’implication des pasteurs américains dans le Mouvement des droits civiques aux Etats-Unis qui ont fait de l’église le fer de lance de la lutte contre la ségrégation aux USA, Grégory Toussaint a lancé la marche qu’il a présenté comme le début d’un grand mouvement.

Un vrai mouvement des chrétiens souvent décrits comme des aliénés qui refusent de jouer leur rôle d’acteur social promoteur du changement et qui se présentent comme des citoyens du « royaume céleste » pourrait faire pencher la balance. Inutile d’aller puiser dans l’histoire de l’église américaine pour en être convaincu. Nous avons la preuve irréfutable dans notre histoire ! Pas besoin de tenter de faire le lien entre la Cérémonie du Bois Caïman et une réunion de prière chrétienne pour mettre en lumière l’apport des chrétiens dans la lutte pour le bien-être collectif en Haïti. Des chrétiens haïtiens ont déjà combiné la prière et des actions.

Dans cette catégorie, les Ti Komite Legliz (TKL) détiennent le palme du mérite. Fils de la réinvention de l’Eglise Catholique pour faire face à la vague de profusion des missions protestantes, les TKL ont grandement impulsé la mouvance populaire et paysanne, ce qui a contribué à la fin de la dictature. On peut aussi mentionner des partis politiques de souche protestante comme le PDCH (Parti Démocrate Chrétien Haïtien), le PSCH (Parti Social Chrétien Haïtien), PARADI ayant comme figure de proue Pasteur Jeanty Vladimir, MOCHRENA (Mouvement Chrétien pour une Novelle Haïti) et l’ACCRA (Alliance chrétienne citoyenne pour la reconstruction d'Haïti). Impossible de passer sous silence l’impact des Pasteurs Sylvio Claude et Jeanty Vladimir dans la vie politique de leur époque. Pour ses convictions, le Pasteur Claude a été arrêté à plusieurs reprises, il a connu l’exil puis déporté en 1979 et l’homme qui refusait de rentrer dans les combines de la politicaillerie a été lynché par des partisans de Jean Bertrand Aristide. Haïti a plus que jamais besoin d’hommes et de femmes de sa trempe ! La foi ne doit plus servir d’obstacle à l’accomplissement de nos devoirs civiques de citoyen.

Aujourd’hui, Haïti fait piètre figure. Les «gens de bien», quelle que soit leur croyance, doivent se mettre ensemble, faire front commun et mener la lutte pour «Changer les choses». Voilà la clé de notre salut !

Stevens JEAN FRANÇOIS


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