Haïti | Occupation américaine: cent six ans que cela dure!

Tout a commencé ce fameux 1er juillet 1915, quand des troupes militaires américaines (les marines) se positionnaient dans l’enceinte du Port du Cap-Haïtien sous le commandement de l’amiral Caperton. Mais en réalité ils nourrissaient ce rêve depuis la dernière décennie du XIXè Siècle.

Haïti | Occupation américaine: cent six ans que cela dure!

Malgré leur prétexte de seulement protéger les intérêts, les biens et aussi la vie de tous les résidents étrangers en Haïti, en particulier ceux des nord-américains, alors que Haïti croulait sous le poids des guerres civiles et l’instabilité, plus d’un croyait fermement que leur présence présageait autre chose, une vraie cause plus importante se cachait derrière celle-là qu’ils brandissaient. En effet, les américains ne supportaient pas que l’Allemagne bâtisse une si grande économie dans les affaires en Haïti. Et avec l’occupation militaire américaine, les investissements américains dans les chemins de fer McDonald, la Banque d’Haïti, et autres, qui connaissaient déjà un essor à partir de 1910, en toute quiétude, allaient augmenter d’avantage leurs capitaux. Alors que la Première Guerre Mondiale faisait rage, les Américains trop endoctrinés par la «Doctrine de Monroe » qui n’a été en fait pas une doctrine élaborée, mais des propos tenus par le président américain James Monroe en 1823, stipulant l’Amérique aux Américains pour ainsi interdire aux Européens toute velléité de s’ingérer dans les affaires des Amériques, et du coup affirmer leur obsession de régner sur l’Amérique tout entière, ils occupaient Haïti pour concrétiser leur projet, et faire montre de leur hégémonie.

Et le 27 juillet 1915, les troupes américaines prirent le large pour jeter l’ancre à Port-au-Prince, en catastrophe, l’urgence les avait appelés, après le massacre de 167 prisonniers politiques dans la Prison de la Capitale haïtienne. Et le lendemain, 28 juillet, officiellement, ils occupaient le territoire haïtien qu’ils mirent immédiatement sous leur tutelle. Trois cent trente (330) soldats américains déployés dans tous les lieux symboliques et stratégiques, juste 330 hommes pour assujettir Port-au-Prince. Ainsi, le Palais Présidentiel, le Port, les douanes, les bureaux de contribution, étaient sous les bottes des Yankees. Puis, très rapidement, telle une tâche d’huile, l’occupation militaire allait s’étendre de villes en villes.

Pourquoi étaient-ils déjà présents moins d’un mois avant les émeutes du 27 juillet?

En ce fameux jour du déploiement, seul Pierre Sully, jeune soldat de l’armée haïtienne, a pu nous rappeler, par son refus de déposer les armes et son assassinat par les américains, qu’Haïti est ce pays de braves héritiers de Toussaint Louverture, Jean Jacques Dessalines, Capois Lamort.

Et l’histoire continue sans lui.

Cette occupation allait durer près de vingt ans, de 1915 avec le débarquement des troupes à 1934 quand le président haïtien Sténio Vincent a réussi à obtenir la désoccupation entre les mains de Franklin Delano Roosevelt. C’était en fait quatre longues années après l’envoi de la Commission Forbes en Haïti, soit le 28 février 1930, laquelle commission suggérait que l’occupation prenne fin, mais progressivement.

Mais depuis, ont-ils jamais désoccupé Haïti?

En 1994, les américains en escorte à l’ex-président Jean Bertrand Aristide redébarquent en Haïti. Seconde intervention militaire américaine qui allait peu durer comparativement à la première de 1915.

Non, l’occupation américaine est cette mainmise qui n’en finit pas! Quand ce n’est plus militaire, cela ne signifie pas pour autant que les Yankees n’occupent plus Haïti. Au contraire, quand l’occupation est invisible, c’est qu’elle s’est redéfinie, et justement la mutation de l’occupation américaine en une soi-disant relation de bon voisinage, à l’instar d’un grand frère qui s’occupe des bêtises de sa petite soeur, est une forme grave et aiguë d’un néo-esclavagisme, où l’on exploite l’autre, en faisant croire que le mal que tu lui fais est pour son bien. Ce qui est en vérité, Haïti respire par les États-Unis, elle existe par les États-Unis, et cette misère endémique devrait être ce prétexte de questionnement sur l’apport réel des ingérences et collaborations américaines!

Il nous faut un bilan de la relation américano-haïtienne qui dure dans l’hypocrisie, le faire-semblant, et la condescendance!

Étienne De Saint-Exil
etiennedesaintexil@gmail


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