Augmentation du budget et diminution de la dépendance externe : le Directeur général du budget fait le point

L'une des particularités de ce budget est la diminution de la part du financement extérieur, qui ne représente plus que 24 % des ressources totales. Historiquement, Haïti a toujours été dépendante des bailleurs de fonds internationaux tels que la Banque interaméricaine de développement, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, l'Union européenne et divers gouvernements étrangers. Ces contributions, bien qu'essentielles, ont souvent soumis le pays à des conditions strictes, limitant sa capacité d'autonomie. En réduisant la dépendance aux financements extérieurs, le gouvernement haïtien s'engage à renforcer sa stabilité économique.

Jean Michel Silin a souligné que l'objectif est d'augmenter les ressources internes, une démarche qui devrait contribuer à réduire la vulnérabilité du pays par rapport aux aides internationales. Cette stratégie s'inscrit dans une volonté de développement durable, avec le soutien des institutions locales dans des domaines tels que l'infrastructure et l'éducation.

À côté des financements externes, le budget pour 2024-2025 intègre également des emprunts de l'État, notamment les bons du Trésor, qui devraient générer près de 16 milliards de gourdes. De plus, l'annulation partielle de la dette auprès du FMI apporte une bouffée d'air frais, avec 1,2 milliard de gourdes supplémentaires. D'autres sources telles que le Fonds d'entretien routier et le Fonds national de l'éducation complètent ce panorama financier.

Les priorités budgétaires du gouvernement se concentrent sur cinq grands chantiers : la sécurité publique, le développement des infrastructures, l'État de droit, la lutte contre la corruption et l'amélioration des services essentiels. Ces domaines sont cruciaux pour catalyser le développement et favoriser un environnement sécuritaire et propice à la croissance économique.

Malgré ces avancées, le niveau d'absorption du budget d'investissement demeure préoccupant. Jean Michel Silin a reconnu que la mise en œuvre des projets est entravée par des problématiques de sécurité et par le manque de capacités techniques des institutions pour préparer et exécuter leurs dossiers. Pour faire face à cette situation, le gouvernement prévoit des programmes d'accompagnement visant à renforcer les capacités des ministères.

La prévision d'une croissance de 1 % pour cet exercice et de 1,6 % pour l'année suivante repose fortement sur la question de la sécurité. Un environnement stable est essentiel pour faciliter le libre mouvement des biens et des personnes, conditions sine qua non pour une relance économique durable.

Le budget haïtien pour l'exercice 2024-2025 illustre une volonté de transformation structurelle et d'autonomisation économique. Bien que des défis subsistent, notamment en matière de sécurité et de capacité institutionnelle, le gouvernement semble déterminé à mettre en place des solutions pour favoriser un meilleur développement économique. Cette stratégie pourrait bien représenter un tournant dans la manière dont Haïti aborde ses finances et son évolution vers une indépendance économique plus marquée.

Source: Le Nouvelliste

Marckendy DORSAINVIL

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