La démocratie à l’haïtienne: Ce qui nous tue

Au-delà de sa définition classique, la démocratie reste susceptible d’interprétations différentes selon la nature même des régimes politiques. Par exemple; le cas d’Haïti, la jeune Nation, qui sortait du cercle colonialiste, le 1er Janvier 1804, espérait esquisser une voie politique libre sans se référer du Nord ou de l’Ouest, ce chemin pouvait certes l’amener à l’odyssée rêvée. Mais l’horizon d’espoir s’est courbé le 17 octobre 1806, avec la mort de la voix de la révolution haïtienne, Jean Jacques Dessalines.

La démocratie à l’haïtienne: Ce qui nous tue

On peut tirer la leçon pour dire qu’en Haïti, ce sont les hommes et les femmes qui dictent la voie à suivre et lorsqu’ils passent, leurs théories se détruisent aussitôt. C’est révoltant! Mais cela reste une évidence qui s’est même établie dans les habitudes intellectuelles des cadres au sein des administrations dans l’idée selon laquelle chaque responsable privatise et personnalise son poste.

La démocratie en Haïti comme on l’entend, c’est la volonté du colon. Pour nombre d’observateurs, l’Occident a infantilisé l’homme politique Haïtien jusqu’à influencer sur son destin. D’aucuns, nous dirons que c’est du pacte colonial. Après le 7 février 1986, même avec la chute de Duvalier, la rupture tardait et tarde encore à être effective . 

Après l’adoption de la constitution de 1987 les occidentaux ont imposé le processus de la démocratisation à Haïti , assorti des sanctions financières pour les gouvernements qui ne l’ont pas appliquée. Cette nouveauté a créé des divisions multiples : ethnocentrisme, guerre entre gangs, rébellion, coup d’Etat, Etc.

Les dictées démocratiques à travers les ambassades et les nations unies ne correspondent pas du tout avec les réalités locales et nationales. Ce cas de figure constitue à maints égards le principal handicap au développement et à l’établissement de la démocratie dans le pays. Après l’ordonnance de 1825 du roi Charles X scellant le retour de l’empire français dans les affaires haïtiennes, l’occupation étasunienne de 1915-1934, depuis 1994 à nos jours, Haïti connaît près de 19 missions militaires et civiles de l’Organisation des Nations Unies , certaines sont des forces multinationales ou des troupes américaines. Niant entre autres choses, l’histoire de ce peuple, leur présence ne peut être considérée que comme un affront et ne saurait qu’aggraver psychologiquement voire politiquement la situation au lieu d’y remédier.

Si on veut sauver Haïti des maux du siècle, donnons-là, la chance qu’elle crée son paradigme démocratique.

La démocratie tue en Haïti plus que des épidémies. Et cela n’est pas un débat. Dans nombre départements du pays, les élections pour s’alterner, ont évidemment laissé la place au malentendu mortifère. Des hommes et des femmes y ont perdu des vies. Le malaise issu de ces scrutins est révélateur du retard et du coma dans lesquels se trouve toujours Haïti.

En plein 21e siècle, Haïti se retrouve encore sous les fourches caudines des maux : la guerre des gangs, le kidnapping d’Etat, l’insécurité généralisée, le vol de deniers publics, la corruption, épidémies, Etc. Ce sont entre autres, des épidémies artificielles de l’homme politique Haïtien. C’est justement au regard de toutes ces tares que les Haïtiens doivent se réveiller pour conjuguer le même verbe en vue d’aller dans le sens de la réussite au lieu d’empêcher leur avenir commun par le truchement d’élections dites « démocratiques ».

L’exemple Haïtien de 2011 avec l’arrivée d’un chanteur (Bandit légal) au pouvoir et plus récemment Jovenel  Moise qui a mis le pays au bord du gouffre. Les discours politiques sont en effet des balles qui chargent des armes à feu des gangs proches du pouvoir. Les violences découlent des discours méprisables des hommes politiques. À Port-au-Prince, des violences ont toujours entraîné de véritables pertes. Les victimes se tournent vers le ciel pour se recueillir. Tout cela se produit, parce que l’homme politique Haïtien ne serait pas disposé à s’accommoder avec les vertus de la démocratie.

Succession au pouvoir par département

Au lieu des simples élections qui tuent, on peut essayer d’amorcer un plan de succession départementale, permettant aux hommes ou aux femmes de parvenir au pouvoir pour une durée de cinq (5) ans, maximum. Car le modèle électoral démocratique tel que nous l’entendons, ne correspond plus aux réalités haïtiennes dans le vrai sens du terme.

Il existe une multitude d’ethnies qui étaient sur les bateaux négriers qui sont dispersées dans plusieurs départements du pays. Cette réalité crée souvent des difficultés vis-à-vis de l’alternance qu’on veut appliquer. Souvent, le Parti au pouvoir y reste et les partis politiques de l’opposition présagent la catastrophe, d’où la nécessité pour nous Haïtiens de réfléchir sur un modèle démocratique propre à nous afin d’éviter des morts inutiles.

Vitalème ACCÉUS 

acceus2009@gmail.com


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