Plaine du Cul-de-sac : l'horreur absolue

L'affrontement entre les gangs armés se poursuit dans la plaine du Cul-de-sac. Les récits tant de ceux qui ont pris la fuite que ceux qui sont encore chez eux glacent d'épouvante!

Des habitants fuyant la fureur des gangs armés
Plaine du Cul-de-sac : l'horreur  absolue

Plus de 8 jours que cela dure! Les gangs "400 mawozo" et "chen mechan" s'affrontent  dans la plaine du Cul-de-sac. Cette guerre sanglante  qu'ils se livrent pour conquérir de nouveaux  territoires  ne se limite pas au crépitement  des armes  de guerre qui emplissent  l'air de jour comme de nuit.

Des familles ont pris la fuite pour éviter le pire. Dans leur fureur, les gangs ne font pas de distinction. Pas de civil dans ce conflit armé. Ceux qui vivaient dans des quartiers, jusque-là sous le contrôle de "Chen Mechan" sont des cibles à abattre. Et pour mettre fin aux jours de quiconque qui se trouve dans le même  espace que leurs adversaires, les membres du gang "400 mawozo" ne vont pas de main morte.

Shada, Santo, Butte Boyer etc. sont le théâtre  des affrontements sanglants. Des familles ont pris la poudre d'escampette. D'autres n'ont pas eu cette chance. Les malfrats ne font aucune distinction. Femmes, enfants ou personnes âgées  sont tuées. Des familles rencontrées  sur la place publique de Bon Repos nous décrivent  un décor apocalyptique. "J'ai  compté  près  d'une  dizaine de dépouilles mortelles en venant ici" témoigne  une quinquagénaire visiblement  secouée, la voix emplie de larmes. "J'ai remarqué  tant de personnes  gisant dans des marres de sang à Shada" ajoute un homme frisant la quarantaine, un enfant en pleurs sur les bras. "Ce sont tous des jeunes. Ils sont en train de détruire l'avenir du pays" lâche, entre deux sanglots, une jeune femme. Tous ont fini de s'échapper, mais tous, enfants et adultes, sont encore sous le choc et semblent  revivre dans leur tête les scènes  d'horreur. Ceux qui ont la force de placer deux mots nous décrivent des personnes blessées, d'autres décapitées, des maisons et des corps incendiés bref, des actes horribles.

Certains n'ont pas encore laissé  leur maison. Ils vivent cloîtrés  chez eux et manquent  de tout. L'image d'une femme touchée  par une balle dans sa maison et incapable d'aller se faire soigner a fait le tour des réseaux sociaux. Un des rédacteurs du journal, cloîtré chez lui, a partagé  ses sentiments  avec la rédaction.

"C'est une situation terrible. Je n'étais pas préparé à  vivre une telle expérience. Je me demande s'ils ne vont pas venir me prendre à  l'intérieur  de la maison. Les détonations  à elles seules peuvent te faire mourir  d'une crise cardiaque. Tu as l'impression  que ton dernier jour sur cette terre est arrivé. 9 jours cloîtrés chez soi, alors qu'on avait pas planifié d'y passer autant de temps... Personne ne devrait vivre pareille  situation. Malheureusement, après les habitants de la troisième  circonscription  de Port-au-Prince et d'autres quartiers, ceux  de la Plaine du Cul-de-sac font cette expérience" nous a-t-il écrit. 

Un autre collaborateur s’est, lui aussi, enfermé  chez lui avec ses enfants et sa femme. Entre ses inquiétudes  pour des proches qui ont été  obligés  de fuir, il doit faire face à  ses enfants qui ne saisissent  pas la complexité de la situation. Interrompu par son fils qui veut sortir de la maison, il nous explique sa situation dans des notes vocales. "Ça  fait deux semaines  que mon fils n'est pas allé  à  l'école. On m'a dit qu'il y avait deux corps calcinés  devant son école à Santo 14. Les habitants  ont tous dû  laisser la zone. Ce matin j'ai  appelé  ma tante, on a pas pu s'entendre à cause des détonations" nous a-t-il indiqué.

La guerre se poursuit. Des têtes de victimes, des corps en putréfaction  et tant d'autres images horribles circulent. Le bilan s'alourdit  de jour en jour. Les survivants  appellent à  l'aide. Le gouvernement comme les organisations  de promotion et  défense des droits humains semblent  frappés de surdité.

Jodel ALCIDOR


1 commentaire

Contributions

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Douglas Saint Jean

4 mai 2022, à 02:59 PM

En lisant, je vivais les douleurs des vistimes et mes yeux se sont mouillés. Continue CN.


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