Drame de la prison civile de Saint-Marc : la FJKL réfute la thèse d’une tentative d’évasion

Le 16 août 2024, la prison civile de Saint-Marc a été le théâtre d'événements tragiques qui ont abouti à un bilan humain douloureux : au moins 14 détenus ont perdu la vie dans une intervention policière controversée. La FJKL (Fondasyon Je Klere), a enquêté sur ce qui s’est passé. Et, dans son rapport l’organisation de vigie citoyenne remet en question la version officielle des faits, en affirmant qu'il s'agissait d'une répression violente plutôt que d'une tentative d'évasion.

Crédit Photo: Journal l'Observatoire
Drame de la prison civile de Saint-Marc : la FJKL réfute la thèse d’une tentative d’évasion

Début août, les agents de la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP) de Saint-Marc se sont mis en grève pour revendiquer le paiement de leur prime de risque. Cette situation a entraîné un climat d’insécurité et de désorganisation au sein de la prison. Les agents ont refusé de recevoir la nourriture destinée aux détenus et leur ont nié l'accès à la justice, ce qui a provoqué une montée de la tension parmi les prisonniers. Dans ce contexte difficile, les conditions de vie au sein du pénitencier sont devenues critiques.

Le jour des faits, un agent est intervenu dans la cellule six et a permis aux détenus de se déplacer. Cependant, poussés par la faim et le désespoir, les prisonniers ont pris le contrôle de la situation, entraînant une mutinerie qui s’est soldée par plusieurs incendies dans l’établissement pénitentiaire. En réponse, des renforts de la police et du commissaire du gouvernement ont été dépêchés pour rétablir l’ordre. Revenenat sur les faits, Madame Marie Yolène Gilles, Directrice Exécutive de la FJKL, a fait état d’un « usage abusif de la force » des forces de l'ordre en réaction à ce qui se passait et cela a occasionné des conséquences tragiques.

 

Madame Gilles n’a pas manqué de souligner que les violences survenues ne peuvent pas être justifiées par une tentative d'évasion, affirmant que les détenus n'étaient pas armés et qu'aucune attaque organisée n'avait eu lieu. Après l'intervention, les corps de 14 détenus ont été retrouvés, entassés dans une fosse commune, alors que des rapports contradictoires évoquent un nombre de victimes s'élevant jusqu'à 19. Cette précipitation à enterrer les corps soulève des questions sur la transparence et le traitement des événements par les autorités.

 

Selon la Directrice Exécutive de la FJKL, la tragédie de Saint-Marc est le résultat d'une combinaison de fautes administratives graves et de négligence. Elle a critiqué le fait qu'il y avait 550 prisonniers pour seulement 5 agents de la DAP, alors que la norme est d’un agent pour quatre détenus. Elle dénonce également la mauvaise gestion de la situation par les autorités, qui n’ont pas su anticiper et prévenir une telle dégradation des conditions de sécurité.

 

Dans son intervention, Mme Gilles a plaidé pour des enquêtes approfondies menées par l'Inspection générale de la police nationale d'Haïti (IGPNH) et la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). Elle appelle à la nécessité d'une réflexion sur la réglementation en vigueur concernant le droit de grève des policiers, ainsi que sur le professionnalisme des agents impliqués.

 

Le drame de la prison civile de Saint-Marc interpelle sur la situation pénitentiaire en Haïti et soulève des questions cruciales sur le respect des droits humains, la gestion des établissements pénitentiaires et la capacité de l'État à protéger ses citoyens, qu'ils soient en détention ou non.

 

Marckendy DORSAINVIL


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