Haïti | Sécurité | PNH 26 ans: y a-t-il vraiment quelque chose à fêter?

La Police n’est pas qu’une simple institution que chaque pays, chaque État, adoptent, et s’en servent pour veiller au bon fonctionnement des cités sur le plan sécuritaire. C’est plus que ça, c’est toute une idéologie, toute une philosophie derrière ces hommes et femmes en uniformes qui nous rappellent les règles à suivre, et se mettent à nos services, et les romains l’ont compris depuis l’Antiquité.

Crédit Photo: minujusth.unmissions.org
Haïti | Sécurité | PNH 26 ans: y a-t-il vraiment quelque chose à fêter?

Au milieu des années 90, nous avons choisi d’instaurer la Police Nationale d’Haïti en lieu et place d’une armée qui faisait office de Police civile, et ceci sans conserver l’armée. Nos soldats n’ont même pas été renvoyés, démobilisés comme on le dit. Mais ils ont été stigmatisés, ignorés, pour des raisons d’ordre stratégico-politique; par volonté de prendre revanche.

12 juin 1995 – 12 juin 2021, la PNH compte 26 ans. Mais, y a-t-il lieu de fêter tout ça?

Hier, au lieu d’organiser une belle séance de récapitulation, un forum sur la crise, disons mieux les crises de notre Police, afin de prendre le taureau par les cornes, c’est-à-dire mieux adresser les problèmes auxquels est confrontée la PNH, les autorités se sont contentées de palabres sur les réseaux sociaux, et de distribution d’un maigre lot de matériels. Je ne dirai pas que les matériels distribués sont de mauvaises choses, loin de là, au contraire c’en est une bonne car la Police n’est pas un métier qu’on fait juste avec les ongles, mais bonne chose sans être louable, vu le contexte, vu que concrètement il n’y a eu que cette fameuse distribution dont se vante le chef de l’État, sans d’autres actions plus urgentes, plus responsables.

Qui manœuvra ces matériels, qui s’en servira? Je ne veux surtout pas croire que ce sont ces policiers malfamés, abusés, désabusés; ces policiers choqués, portant en permanence à la fois la douleur des assassinats de leurs confrères, les coups de gueules d’un propriétaire las d’attendre le dû de loyer, les séquelles de la mauvaise perception qu’on se fait d’eux, et la hantise de l’insécurité face à laquelle ils se révèlent impuissants, défectibles, inefficaces. Avec quel courage, quel état d’esprit feront-ils usage de ces «matériels»? Qui leur garantit la qualité des matériels, leur adéquation? Et ce dernier doute est bien plus que légitime si l’on en croit plusieurs carnages qu’ils ont subis, dont la fameuse opération à Village de Dieu, où des «chars blindés» inadéquats n’ont pas su répondre à la hauteur de l’opération, dont le niveau de blindage laisse à désirer, alors que tout le monde sait que dans ces zones rouges ce sont les gros calibres 5.56 7.62 qu’on utilise, une puissance de feu qui fait plus qu’inquiéter la PNH.

12 juin ramène le 26è printemps de la PNH, cette date aussi ramène les deux mois de la cuisante défaite sanglante des unités d’élite de la PNH, où ils se sont fait tuer comme des bleus, alors que jusqu’à aujourd’hui aucune vraie explication n’a été fournie relativement à cette opération, et la disparition mystérieuse de Lucdor Pierre agent du SWAT dont le nom ne figure même pas sur la liste des victimes alors qu’il avait pris part à l’intervention.

Aucune fête, aucune commémoration festive n’est possible à la PNH si on ne s’engage réellement à sauver cette noble institution, en proie à toute sorte de vautours. Des vautours, il y en a des tonnes, certains sont des agents malhonnêtes, des hauts gradés avares «super chefs», mais aussi et surtout les grandes ombres politiques envahissantes qui ne laissent passer aucune occasion sans instrumentaliser l’institution, et la rabaisser au rang des parias afin qu’ils gardent toujours les manettes. Plus que jamais, notre institution policière a besoin d’épuration, d’une évaluation en profondeur en vu d’une sérieuse réforme, et surtout d’un affranchissement urgent du joug politique.

Et après, et seulement après, nous pourrons fêter avec fierté et pompeusement les anniversaires de notre chère POLICE.

Mais pour l’instant, nous disons courage à ceux qui travaillent malgré tout avec coeur et professionnalisme, sans jamais se salir les doigts ni les poches!

Étienne De Saint-Exil
etiennedesaintexil@gmail


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