Pourquoi le Sénateur Dumont n’approuve-t-il pas le choix de Joseph Lambert comme Président provisoire ?

Le Président Jovenel Moïse a été assassiné dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021. La disparition de celui à qui on reprochait ses penchants dictatoriaux est survenue à un moment où aucune des dispositions constitutionnelles n’est d’application. Le parlement est caduc, le Président de la Cour de Cassation et du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire amputé de plusieurs membres est décédé et comme chef du gouvernement nous avons d’une part un Premier Ministre a.i démissionnaire et d’autre part un Premier Ministre nommé qui n’a pas été installé. Face à ce vide divers acteurs de la société et du monde politique haïtien proposent leur solution. Ce qui reste du Sénat de la République est lui aussi sorti de son engourdissement pour prendre une résolution.

Au premier article de ladite résolution prise le 9 juillet 2021, les sénateurs ont convenu de faire de leur Président, le Président Provisoire de la République. « Joseph Lambert, élu du peuple comme Sénateur de la République, et par ses pairs Président du Sénat, est choisi pour remplir la fonction de Président Provisoire de la République d’Haïti  jusqu’à l’entrée en fonction du Parlement, le deuxième lundi de janvier 2022, d’un nouveau président élu, le 7 février 2022 » ont convenu  huit sur dix des Sénateurs, les seuls élus de la République en fonction, co-dépositaire de la Souveraineté Nationale.

Comme par hasard, la résolution du Sénat a été suivie par la signature d’un protocole d’entente nationale entre des partis et regroupements politiques qui se sont entendus pour désigner, le Sénateur Lambert comme le président provisoire de la République. Veye Yo,  DIRPOD, INITE, ENA, Lod Demokratik, Emergence Patriotique, Viv Ayiti, Fusion, FND ont paraphé l’accord avec le PHTK et ses alliés. D’autres partis politiques et figures de proue de l’opposition n’ont pas endossé le choix de Joseph Lambert. Certains ont gardé le silence, d’autres comme le Secteur Démocratique et Populaire et le Sénateur Dumont ont déclaré leurs quatre vérités.

D’après ses propos rapportés par le journal MiroirInfo, l’élu du Département de l’Ouest, le Sénateur Pierre Paul Patrice Dumont a indiqué que « la décision du Sénat de proclamer Joseph Lambert président de la République est assimilable à un coup d’Etat ». Il estime que le président aurait du plutôt initier un dialogue franc sur l’avenir de la nation entre le premier ministre a.i démissionnaire, Claude Joseph et le premier ministre nommé, Ariel Henry. Position de sage adoptée par le professeur d’Histoire, Relation Internationale et Communication, diraient certains, pourtant, une chose est indéniable, il ne pouvait pas agir autrement. Les données collectées par le journal Le Courrier de la Nation, attestent que le Sénateur Dumont était pieds et poings liés.

En effet, selon le communiqué no 1 publié le 8 juillet 2021 et authentifié par Magali Comeau Denis, coordonnatrice de la commission de recherche d’une solution haïtienne à la crise du pays (Komisyon kap Chèche yon Solisyon Ayisyèn nan Kriz Keyi a), le Sénateur Dumont avait pris part à une rencontre de concertation entre la société organisée et le secteur politique (Reyinyon Konsètasyon Sosyete Oganize ak Sektè Politik). Pierre Espérance du RNDDH, Steeven Benoit de l’Entente pour une transition de rupture et des représentants d’autres structures comme MOPOD, Fanmi Lavalas, Secteur Démocratique et Populaire,  Pitit Desalin, En Avant, KONAKOM du Renouveau, KONBIT, ECC, Brigade Syndicale BSAC, Coalition Syndicale COSHARCO, Mouvement Conscientisation pour sauver Haïti (secteur vodou), KORE-N, NOU PAP DOMI, CUSM et KAY FANM entre autres ont pris part à ladite réunion.

Les participants à la rencontre ont dénoncé et ont pris la décision de combattre ce qui est arrivé dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021. Ils n’ont trouvé qu’un qualificatif à l’assassinat de Jovenel Moïse : coup d’état et, d’après leur lecture, il a été réalisé sous l’obédience de quelques instances locales et d’une frange de l’international. Saluant la maturité de la population et invitant la Police Nationale d’Haïti à respecter les droits de tous les citoyens, les participants ont condamné la violation de l’organisation des nations unies de sa propre charte.

Comme résolution, ceux qui prenaient part à la rencontre, y compris le Sénateur Dumont, ont décidé de décréter la permanence  en vue de réaliser en urgence, une conférence politique qui regroupera toutes les forces vives de la nation en vue de trouver un compromis national pour résoudre la crise. S’étant engagé dans cette voie, le Sénateur Dumont ne pouvait pas signer la résolution du parlement.

Il existe des politiciens qui respectent leurs engagements ! Fantastique !!!

Stevens JEAN FRANÇOIS

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