Haïti-Fêtes champêtres: Gare à la covid19!

Dans son avis numéro 416 publié le 25 juin 2021, le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) a informé la population qu’à la date du 24 juin, qu’il a confirmé 119 nouveaux cas de contamination et 5 décès dus à la covid19. Depuis mars 2020, Haïti a recensé 18 460 cas confirmés, 2 991 personnes hospitalisées, 420 décès et 12 840 guérisons. Ces chiffres, qui selon certains observateurs ne reflètent pas la réalité, vu que bon nombre d’haïtiens n’ont pas accès aux soins de santé pourtant garantis par la Constitution, n’ont pas eu une grande incidence sur le comportement de la population.

Alors que les autorités sanitaires, publiaient des avis qui montraient clairement une hausse des cas de contamination puis l’évidence d’une deuxième vague, le pouvoir en place n’a pas pris de mesures drastiques pour endiguer la propagation du coronavirus. Contrairement à la première vague, le port du masque n’est pas obligatoire et aucune disposition réelle n’a été prise. Les lieux de cultes continuent à fonctionner ce, pour le plus grand bonheur des croyants.

Le 23 juin 2021, la veille de la commémoration de la naissance de Saint Jean, la ville de Trou du Nord grouillait de personnes venues « régler leurs affaires » comme on dit. Difficile de circuler même à pied ! Devant l’Eglise de nombreuses personnes, chandelle à la main, « annonçaient » à Saint-Jean et/ou Ti Jan qu’elles sont dans les parages. Le port du masque est obligatoire pour accéder à l’enceinte de l’Eglise, des membres du groupe Kiro et des Scouts préposés à l’entrée veillent au respect de la règle. Bon nombre de pèlerins sont présents, certains sont venus « recommander » la messe, ils sont tellement nombreux qu’il est impossible de noter leurs intentions de prière. Leurs noms ne seront pas cités pendant la célébration eucharistique non plus, mais cela ne les décourage pas, Saint Jean Baptiste connait déjà leurs demandes.

À quelques pas de l’Église, sous le pont, des adeptes du vodou se sont réunis. C’est la maison de Ti Jan disent-ils. Des musiciens font parler les tambours. Des chants emplissent l’air. Des gens se baignent dans la rivière, d’autres le font dans des trous identifiés comme des bassins de Saint Jean. Certains ont la « chance » de communiquer avec des loas dans les corps de certains adeptes en transe. Ceux qui sont venus présenter leurs demandes offrent des «coups » de boissons alcoolisées par terre. Certains adeptes sont venus avec leurs bouteilles de « Lanni » trempé dans du clairin, ils en donnent à qui en veut. Certaines « sociétés » sont aussi présentes. Impossible de ne pas se présenter à la fête de l’avocat Ti Jan. Dans cette ambiance aux mille senteurs et richement colorée, pas le temps de penser au coronavirus.

Le lendemain, le 24 juin, nous sommes dans une Eglise bondée, plus d’une vingtaine de prêtres sont présents. Les masques tombent une fois le seuil de l’Eglise franchi. Des membres de la liturgie égrènent les noms de ceux qui ont recommandé la messe. Ils sont plusieurs centaines. La messe va commencer. Saint Jean Baptiste et/ou Ti Jan, qui écoutera ma prière ? Si la grâce tarde à descendre, je pourrai bientôt présenter ma requête à Saint Jacques, Mont Carmel ou encore Sainte Anne (la grand-mère charitable).

Abigaelle PIERRE

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