Guerre des gangs : pardieu monsieur Claude Joseph intercédez pour nous, pauvres citoyens lambda!

Depuis deux mois les gangs s’affrontent à l’entrée sud de la capitale. Les autorités n’ont rien fait pour rétablir l’ordre. De paisibles et honnêtes citoyens sont tués. Le tableau aurait pu être différent si Monsieur Claude Joseph avait formulé un tel vœu.

Crédit Photo : Rezo Nòdwès
Guerre des gangs : pardieu monsieur Claude Joseph intercédez pour nous, pauvres citoyens lambda!

Le lundi 14 juin je devais me rendre aux Cayes. Vers 8 heures, avec des collègues nous avons laissé la commune de Delmas. Première incertitude, arriverons-nous à passer ? Première inquiétude, est-ce sage de faire le trajet à bord d’un véhicule d’une ONG locale? Alors que nous cherchions encore à nous convaincre, à la radio, on annonce qu’il y a des détonations à Martissant et qu’il est déconseillé de s’aventurer dans cette zone! Après concertation, nous avons décidé d’évaluer les risques à Portail Léogane.

Vu le nombre de véhicules assurant le transport en commun nous nous sommes dits que nous pouvons nous permettre de tenter notre chance. Un des membres de l’équipe passe les consignes : déposez-vos téléphones portables, mettez vos mains en évidence etc. Apparemment durant le weekend, des membres de gangs ont dépouillé des passagers de leurs téléphones. Arrivés à la 1ère avenue Bolosse, deuxième inquiétude, il y a un blindé de la PNH! Que fait-il là ?

Oui, le Premier Ministre a.i. d’alors, Monsieur Claude Joseph s’était voulu rassurant ! Il a pris des dispositions et s’est aventuré dans la zone. « Après 3 Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) spécial organisés en moins de 72 heures sur la situation d’insécurité qui régnait sur l’axe Martissant-Fontamara au cours des derniers jours, je me suis fait accompagner par Léon Charles le Directeur Général a.i. de la Police Nationale d’Haïti (PNH) pour une visite des lieux. J’ai emprunté la route de Martissant à la Marine haïtienne, en passant par la Place de Fontamara, pour constater, de visu, que l’institution policière a pu y ramener l’ordre et rouvrir la voie à la circulation, conformément aux directives du CSPN » avait-il annoncé, mais nous savions que c’était du flan.

La peur au ventre nous nous sommes aventurés sur le même trajet qu’avait quelques jours plus tôt emprunté Monsieur Joseph qui a toutefois oublié de mentionner l’imposante escorte armée qui l’avait accompagné. Nous ne voulions pas croire le désolant paysage qui s’étalait sous nos yeux. La saleté apportée par les récentes pluies avaient assombri le tableau que nous avions sous nos yeux. Seuls quelques braves, ou plutôt des citoyens qui n’avaient pas trop le choix, s’aventuraient sur cet axe où les célèbres bouchons avaient disparus. Pourtant, notre chauffeur roulait lentement.

Voulant que mon passage dans ce lieu sinistre soit le plus court possible, je lui demandai d’accélérer. « Impossible! » me répondit-il. « Nous ne les voyons pas mais eux ils nous regardent. Je ne peux accélérer, ça risque de provoquer des tirs » a-t-il poursuivi. Le temps pris pour franchir cette distance assez courte me semblait assez long. Arrivé à hauteur du marché de poisson de Fontamara 47, les visages se décrispèrent. Les autres occupants prirent leurs portables pour informer leurs proches que nous sommes passés. J’ai suivi le mouvement et le « ouf » de soulagement que j’entendis à l’écouteur me fit comprendre combien la traversée de ce désormais « no man’s land » pouvait être dangereux.

Les nombreuses victimes l’attestent. Des passagers blessés ou tués à bord des véhicules de transport en commun, cette infirmière tuée par balle alors qu’elle se trouvait à bord d’une ambulance, cette femme enceinte qui blessée par balle a perdu son fœtus, ce chauffeur de véhicule de transport en commun touché par balle et des passagers victimes de l’accident qui s’en est suivi, les chauffeurs de taxi-moto, leurs passagers et les nombreux piétons et habitants de la zone ont allongé la trop longue liste. Des milliers de personnes ont dû fuir la fureur des gangs. Des commerçants de 4 départements ne peuvent pas s’approvisionner ni venir écouler leurs produits. Le carburant, produit transversal, se fait rare à la pompe depuis le début des hostilités. Depuis deux mois des milliers de citoyens lambdas souffrent. Une seule personne peut pourtant changer la donne.

Lors du passage de Monsieur Claude Joseph, actuel Ministre des Affaires Étrangères, il n’y a eu aucune détonation ! Les armes se sont tues! On ne sait à quel saint, ange, bref, à quel être invisible ou visible il s’était adressé mais il est certain que sa demande a été exaucée. Aujourd’hui, nous, pauvres et insignifiants citoyens lambdas avons besoin que Monsieur Joseph intercède pour nous. Entendra-t-il notre supplication ?

Stevens JEAN FRANÇOIS


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