Haïti, fête du travail et de l'agriculture : Et si on n'en parlait plus ?

En Haïti, la fiction est si obèse et envahissante qu'elle étouffe la réalité. Telle une masse gênante ou un forcené bourreau voulant venir à bout de sa victime : une main rageuse empoignant la gorge de cette dernière. Nous dormons dans la fiction, nous nous réveillons dedans, et nous y respirons aussi. Rien n'est vrai, rien n'est réel ici. Ou encore, tout ce qui l'a été un jour, une époque donnée, ne l'est plus. Pourtant, nous nous illusionnons, en nous nous amadouant nous-mêmes.

Crédit Photo: Media Legliz la
Haïti, fête du travail et de l'agriculture : Et si on n'en parlait plus ?

Tout comme, l'indépendance d'Haïti est de l'histoire ancienne,  bientôt qui ne sera plus qu'un conte de fée, un mythe, certaines dates historiques ou mémorables ne sont plus ce qu'elles furent. Le 1er mai, considéré comme étant la journée du travail et de l'agriculture, n'en est point épargnée. C'est une date obsolète, qu'on ne fête que pour nous masturber, d'une certaine manière, par trop d'envie de nier notre quotidien, nos griefs, nos faims et misères, notre oisiveté collective forcée ou voulue. 

 

Cette crise globale généralisée, dans laquelle nous pataugeons, coupe court à tout élan, tout effort qui aurait pu nous mettre sur une bonne voie. La voie du changement, du progrès ou d'une amélioration acceptable de notre quotidien de peuple libre, souverain, par la création massive d'emploi, et l'implémentation d'une vraie politique agricole.

 

Mais, l'on n'en est pas là. L'on est à ce carrefour où les compatriotes se ruent vers les frontières aériennes, maritimes et terrestres, juste pour se trouver du travail ailleurs, une vie meilleure, à tout prix, quitte à ce que leur souffle le paye !

 

Un pays avec autant de terres cultivables, pourtant frappé de famine, ne peut fêter une journée de l'agriculture que par manque de gêne. Un pays voyant fuir autant de professionnels, de cadres, vers d'autres horizons, ne peut parler de fête du travail.

 

Il est clair que la communauté internationale n'a aucun intérêt à ce que quelque chose change en Haïti. Peu importe leur semblant, il y va de leurs intérêts personnels. Haïti reste la vache à traire, pas à soigner de ses tétons endoloris par la meurtrissure.

 

Dans ce contexte assez singulier, 1er mai 2024 devrait être une journée de réflexion pour cette nouvelle équipe dirigeante fraîchement investie, afin de mieux appréhender — outre le défi de l'insécurité chronique que l'on connait — le chômage et la famine. Si jamais ils ne sont des essuie-cul des blancs qui nous saoulent de leur fausse amitié, et nous tiennent dans l'assistanat et des programmes de voyage qui ne profitent guère au pays !

 

Le canal d'irrigation de Ouanaminthe est ce symbole fort, ce tremplin qu'il faut exploiter sur tous les fronts, s'en servir de prétexte à la relance de la production nationale.

 

 

 

Étienne De Saint-Exil


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