1er mai : Fêtons nos malheurs!

En Haïti, le 1er mai est consacré à la fête de l'agriculture et du travail. Cette journée de mobilisation de la masse ouvrière, du prolétariat comme aiment le dire nos amis marxistes, y perd de plus en plus son sens. Pourtant, ce ne sont pas les batailles à remporter qui manquent.

1er  mai : Fêtons nos malheurs!

Les syndicalistes, eux, vont profiter de cette journée commémorative pour faire le tour des médias traditionnels, descendre dans les rues en vue de faire entendre leurs voix et rappeler au gouvernement leurs doléances. Certainement, ils vont repartir avec le sentiment du devoir accompli. Rendez-vous pour l'année prochaine !

Les dirigeants donneront-ils suite à leurs requêtes ? Pas sûr.

S'enracinant, au fil des années, dans la tradition  de la bataille ouvrière des pays comme Etats-Unis depuis 1886,  en Haïti la mobilisation ouvrière perd de plus en plus son essence, les  ouvriers  ont de plus en plus de mal à  voler la vedette aux nombreuses activités festives du 1er mai. 

Malgré les contraintes, les chefs de file des organisations syndicales continuent à  se démener  pour relancer la grande mobilisation  d'antan. Pourtant, les ouvriers semblent avoir la  morale dans les chaussettes et la tête ailleurs. En lieu et place des revendications  et des réflexions  relatives à  la situation de la masse ouvrière  qui n'arrive  pas à reproduire sa force de travail, la célébration de la journée du 1er  mai tend de plus en plus à se résumer à de simples expositions, des foires gastronomiques et des discours vides de sens, émaillés de promesses fictives.

À défaut de fêter l'agriculture et le travail, nous fêtons le chômage, la misère, et l'insécurité alimentaire. Nos problèmes s'enveniment d'une  journée à l'autre. A l'heure actuelle, plus de 4, 2 millions de compatriotes sont dans l'insécurité selon le CNSA. Nous avons le taux de chômage le plus élevé de la Caraïbe. L'agriculture perd de plus en plus de sa valeur. Elle représentait moins de 20  PIB en 2021. Nous importons  la grande majorité de ce qui se trouve dans nos assiettes. Haïti, le pays essentiellement agricole n'existe plus!

Au vu de tous ces problèmes,  le 1er  mai devrait être une journée de mobilisation, rassemblant des centaines de milliers de personnes issues de tous les secteurs de la vie nationale pour dire non  à la politique du faire semblant et décider de poser ensemble  les jalons d'un demain meilleur. Malheureusement, nous ne sommes pas encore là.

La fête du travail n'est presque plus synonyme de mobilisation autour de la cause des rudes travailleurs tant exploités par le système économique en place. Si ce n'est pas le 1er  mai quand se présentera l'occasion pour les associations des travailleurs de soumettre leurs cahiers de doléances aux  dirigeants et de contraindre ces derniers à  enfin donner suite à  leurs requêtes? 

À quoi ressemble la journée du 1er sans la mobilisation? 

En Haïti, la fête du travail  se veut festive, pourtant environ  80% de la population  active est sans emploi formel et les salaires sont  inférieurs au coût de la vie. Dans de pareil cas peut-on oser penser à fêter l'agriculture et le travail. Quel drôle d'idée ! En réalité, nous fêtons le chômage, l'insécurité alimentaire... bref nos malheurs.

 

Jodel ALCIDOR

Rédacteur en Chef


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