Avis de décès

La Constitution de 1987 n'est plus! 37 ans après le très enthousiaste vote de ce texte, il a succombé aux assauts répétés de ceux qui le voyaient comme une menace. Nos condoléances à celles et ceux qui ont nourri tant d'espoirs en votant OUI lors du référendum du 29 mars 1987.

Crédit Photo: Rezo Nòdwès
Avis de décès

Bravant le soleil, marchant des heures 1 258 980 d'haïtiennes et d'haïtiens ont voté OUI! Représentant 99,8 % des votants, ces citoyennes et citoyens ont doté la République d'Haïti d'une nouvelle constitution. Le référendum du 29 mars 1987 s'est déroulé dans le calme et le peuple a massivement adopté ce nouveau texte considéré comme l'un des plus libéraux de l'histoire du pays.

 

Très enthousiastes, en ce 29 mars historique, les haïtiens ont exprimé leur soutien massif à cette Constitution. Fille d'un long processus de consultation, la Constitution de 1987 garantissait les droits fondamentaux et les libertés de tous les haïtiens. Cerise sur le gâteau, elle consacrait également la décentralisation et le principe de la séparation des pouvoirs, élément essentiel pour garantir un État de droit. Nourrissant les espoirs d'un avenir meilleur, la nouvelle Constitution était vue par plus d'un comme un pas important vers la stabilité, la démocratie et le développement économique de la nation.

 

La montagne a accouché d'une souris. La Constitution n'a pas pu changer la donne. Miné de querelles de chapelle et d’une crise multiforme et généralisée, le pays n'a pas pu se relever. Les turbulences politiques, la corruption, la violence et d'autres manœuvres politiciennes ont entravé la mise en application des prescrits constitutionnels. Plus de 30 ans après le référendum du 29 mars, des institutions clé comme le Conseil électoral permanent (CEP) et le Conseil constitutionnel n'ont toujours pas vu le jour. En pâtissent l'organisation d'élections libres et indépendantes  ainsi que l'assurance de la constitutionnalité des lois. D'autres institutions ont été certes créées mais ne jouissent toujours pas de l'indépendance  que leur conférait la Constitution. 

 

Véritable bouc émissaire, certains « pseudo experts » et dirigeants politiques ont asséné le coup de grâce en le désignant comme la source d'instabilité du pays. Considérée comme dépassée par les nouvelles réalités du pays, la Constitution de 1987 est tombée en syncope depuis son amendement en mai 2011. Plongé dans un coma artificiel depuis la crise relative à  la date de la fin du mandat de Jovenel Moïse dernier président élu d'Haïti la Constitution ne s'est pas relevée. Près de trois ans après l'assassinat de Jovenel Moïse, les acteurs n'arrivent pas à s'entendre. Une autre transition se dessine dans la transition! Point d'élections à l'horizon. La Constitution de 1987 doit être remplacée, crient ceux qui veulent l'euthanasier. Dans les propositions de sortie de crise, peu sont ceux qui font référence à ses prescrits. 

 

Le silence des acteurs de la société civile, de la presse et tant d'autres garde-fou à l'occasion du 37ème anniversaire du référendum constitutionnel du 29 mars 1987 confirme nos pires craintes, la Constitution de 1987 n'est plus de ce monde. Puissent ses bourreaux ne jamais connaître un instant de bonheur et de tranquillité d'esprit.

 

Stevens JEAN FRANÇOIS 

Chef de l'information 


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